Sans Gênes

Nous avions hâte à aujourd’hui. C’est jour d’activité et on va suivre un cours de cuisine avec une spécialiste du pesto. Je n’avais aucune idée que le pesto était originaire de Gênes et que le basilic utilisé est d’appellation contrôlée. Météomédia annonçait une journée moche avec pluie et orage; parfait pour un cours de cuisine.

Premièrement, il faut se rendre à l’adresse indiquée sur le détail du billet. Il y a des explications, un peu trop à mon goût, car généralement cela signifie que c’est compliqué. Google map me signale que ce n’est qu’à 400 mètres; 300 mètres en ligne droite, à gauche pour 100 mètres. Pour l’instant il y a des nuages, mais on prend quand même nos imperméables. On ne les a pas apportés pour les garder dans la valise. 

On part de l’appartement et les premiers trois cents mètres se font dans un tunnel. Je déteste les tunnels car 1. Ça pue le gaz, 2. Les autos et autobus passent trop proche et trop vite, 3. Je suis persuadée que le tunnel va s’effondrer. Anne n’a pas peur, cela me donne du courage. À la fin du tunnel, on tourne à gauche et misère, le dernier 100 mètres est en fait un escalier. Cet escalier, passage piétonnier se nomme un creûze et fait partie de la vieille ville. On n’a pas le choix, faut monter. J’ai en tête la chanson Mille après mille, je suis triste, Mille après mille, je m’ennuie…. Dans mon cas, ça devient : marche après marche, je persiste, marche après marche, j’suis finie. Mais non, on y est, au numéro 16 comme indiqué sur le billet. Il reste 8 minutes à attendre. 

À 11 heures pile, un gentil monsieur vient nous accueillir. Encore deux étages à monter et ça y est, nous y voilà. Un petit lavage de mains et nous sommes prêtes pour débuter à apprendre à faire la cuisine gênoise. Au menu : tiramisu, pesto, gnocchi. Tout sera préparé à la main sans outil électrique, sauf pour le montage des blancs d’oeuf en neige. Les explications sont claires et simples. Des oeufs, sucre, mascarpone, doigts de dame, café, marsala et cacao. Notre dessert est terminé et mis au frais. On passe au pesto. Tout sera travaillé au mortier et pilon avec beaucoup de jus de coude. Le résultat est sensationnel et cela n’a rien à voir avec le pesto fabriqué à la maison dans nos robots performants. On est tellement fière de notre production et on le déguste avec des morceaux de focaccia (là aussi très différent des focaccia industriels de chez nous) et du Prosecco.

L’orage tombe sur la ville pendant qu’on se met à pétrir la pâte et façonner des gnocchis. Tiziana les fait cuire dans l’eau bouillante, les ajoute au pesto avec de l’eau des pâtes pour rendre le tout crémeux et on se met à table. Fières de notre production n’est pas le mot approprié. On jubile. Nous nous sentons comme de vraies italiennes qui viennent de préparer un repas de spécialité. Nous sommes tous à table et nous partageons des tranches de nos vies comme si nous étions de vieux copains, copines qui viennent de se retrouver. On échange nos adresses et on retourne pluie battante avec nos imperméables sur le dos, sourire aux lèvres.

Maintenant, nous avons hâte de retourner à la maison pour mettre en pratique nos nouvelles techniques culinaires et faire découvrir aux amis et familles la spécialité de Gênes. À utiliser sans gêne.